Le 28 avril, environ 170.000 Rwandais franchirent la frontière tanzanienne dans un délai de 24 heures. S’il est vrai que des mouvements plus importants de réfugiés se sont produits ailleurs à d’autres moments, les délais n’ont jamais été aussi brefs. L’afflux vers la Tanzanie constitue l’afflux de réfugiés le plus important et le plus rapide que le monde ait jamais connu avant les événements de juillet lorsque des Rwandais encore plus nombreux sont arrivés à Goma au Zaïre. La fuite vers la Tanzanie était prévisible, compte tenu de l’histoire du conflit au Rwanda, de la mort des présidents du Rwanda et du Burundi dans l’accident d’avion près de Kigali le 6 avril et des massacres systématiques de Tutsis et de Hutus modérés par la suite qui ont précédé l’avance rapide des forces du Front patriotique rwandais (FPR). Néanmoins, l’envergure et la vitesse de l’afflux ont surpris la plupart des organisations et observateurs.

 

En dépit de l’envergure et de la rapidité de l’afflux, les taux de sous-alimentation, de morbidité et de mortalité pendant les deux premiers mois sont restés comparativement faibles. Dans cette optique, la réponse des autorités locales et de la communauté internationale a été positive et, compte tenu du caractère sans précédent de l’afflux, impressionnante. L’expérience dans le district de Ngara fait contraste aux résultats désastreux de l’afflux, certes plus important, vers Goma au Zaïre plusieurs semaines plus tard. Si les efforts des intervenants dans les domaines de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement et de la santé ont été indispensables à la réussite de l’opération, la contribution des intervenants dans le domaine de la fourniture et de la distribution de l’aide alimentaire a été particulièrement impressionnante. En l’espace de 2-3 jours, le PAM a dû fournir l’équivalent d’environ 155 tonnes de denrées par jour. La ration générale devait comprendre des céréales, des légumineuses sèches, de l’huile et du sel, seul ce dernier faisant défaut pendant les deux premiers mois.

 

Ce document a pour but de rendre compte aux membres du réseau des opérations d’aide alimentaire dans le camp de Benaco pendant les deux mois suivant l’afflux initial, présentant une analyse préliminaire des facteurs qui ont contribué à la réussite comparative de l’opération initiale et considérant les enseignements tirés de l’expérience de Benaco qui pourraient être utiles dans d’autres situations. L’opération a dû inévitablement faire face à des difficultés considérables, notamment celles découlant du manque d’information exacte concernant la population des camps et des relations entre les deux organismes clefs de l’ONU : le PAM (responsable de livrer les rations générales au camp) et le HCR (responsable de coordonner la distribution de la nourriture à l’intérieur du camp). L’optique de l’auteur est celle d’un coordinateur alimentaire travaillant pour le compte du HCR pendant les premières semaines de l’intervention. Les délais limités n’ont pas permis de mener une étude plus globale qui aurait examiné les expériences dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et de la santé et présenté les perspectives des ONG ayant participé à l’intervention initiale. Il faudrait pour cela financer une enquête et avoir accès aux documents et au personnel de nombreux intervenants. Ce document ne présente qu’une analyse préliminaire, mais se propose de partager les expériences et les enseignements éventuels de cette opération très récente qui continue actuellement.

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