MSF-CIS (Celula Inter-Secçoes), Mozambique: Système de Collecte de Données Portant sur la Sécurité Alimentaire et les Mouvements de Population
L’Afrique Australe a connu au cours de la saison des pluies de 1991-92 une sécheresse très répandue considérée comme la plus sévère de ces cinquante dernières années et probablement de ce siècle. Cette sécheresse a porté à son paroxysme la situation d’urgence chronique déjà existante au Mozambique due à la guerre civile entre le gouvernement (FRELIMO) et le RENAMO. La guerre qui s’est déclarée peu après l’indépendance en 1975 a provoqué le déplacement massif des populations aussi bien à l’intérieur du pays que vers les pays voisins, la destruction des infrastructures économiques, administratives et sociales (ponts, usines, installations de santé, écoles), des attaques contre le transport routier nécessitant le recours à des convois escortés ou au transport aérien entre les zones contrôlées par FRELIMO et bouleversant ainsi les activités commerciales normales(1). L’Appel d’Urgence lancé à Paris en mai 1992 par le gouvernement du Mozambique cite le chiffre de 3,1 millions de personnes ayant besoin d’aide alimentaire, dont 1,8 m touchées par la guerre et 1,3 m touchées par la sécheresse. La population totale du pays était alors estimée à 16,2 millions, dont 1,5 millions de réfugiés dans les pays voisins.
Médecins Sans Frontières (MSF) est une organisation non gouvernementale (ONG) internationale qui assiste les populations en situation d’urgence (sinistres, conflits, etc.). Elle intervient essentiellement dans le domaine de la santé et des problèmes s’y rapportant (nutrition, hygiène). MSF travaille au Mozambique depuis 1985. En avril 1992, lors du démarrage du projet CIS, cinq sections nationales de MSF intervenaient sur le terrain dans 7 des 10 provinces. Il s’agissait de MSF-Belgique, intervenant dans des zones de la province de Tete et Inhambane ; MSF-France, intervenant dans des zones des provinces de Zambezia, Manica et Sofala ; MSF Pays-Bas, intervenant dans des zones des provinces de Niassa et Nampula ; ainsi que MSF-Espagne et MSF-Suisse, intervenant toutes deux dans la province de Maputo. Démarrés sous forme d’interventions d’urgence, ces programmes sont devenus progressivement ce que l’on pourrait qualifier de “programmes à plus long terme dans un contexte instable”. Les activités de préparation aux situations d’urgence ont constitué une partie importante de ces programmes. A partir de 1984, lorsque le gouvernement FRELIMO a autorisé la première ONG internationale à s’établir et intervenir dans le pays, le nombre des ONGs internationales intervenant au Mozambique s’est rapidement accru, les bailleurs de fonds bilatéraux encourageant ce processus en faisant passer une part de plus en plus importante de leur aide par l’intermédiaire des ONGs. Dès le début de 1992, plus de 100 ONGs intervenaient au Mozambique dans le cadre de programmes très divers en termes d’activités et d’approches. La communication entre les ONGs était pourtant limitée. S’il existait une certaine collaboration au niveau provincial, celleci était pratiquement inexistante au niveau national. Même au sein des différentes sections de MSF, la collaboration était assez limitée.
En octobre 1992, peu après le démarrage de nombreuses initiatives visant à faire face à sécheresse, un Accord général de Paix était signé à Rome entre FRELIMO et RENAMO. Ceci modifia profondément les conditions du pays et le contexte d’intervention des ONGs. Des mouvements de population à grande échelle commencèrent surtout à partir des zones urbaines et périurbaines vers les zones rurales et, plus tard, par le retour des réfugiés. Une amélioration considérable de la logistique et des communications permit bientôt aux ONGs d’étendre leurs activités aux zones autrefois contrôlées par le RENAMO ou extrêmement dangereuses.
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