Échange Humanitaire No.15: les Balkans
- Issue 15 Issue 15: Kosovo, NGO consortia and more
- 1 Échange Humanitaire No.15: les Balkans
- 2 Kosovo: Drawing Lessons from a Disaster
- 3 NATO's Strategic Concept
- 4 The Current Situation in Kosovo
- 5 Coordination in Kosovo: the challenge for the NGO sector
- 6 Evaluative Studies of the International Response to the Kosovo Crisis
- 7 A Change of Policy and Attitude: UNHCR and Evaluation
- 8 Post-NATO Serbia
- 9 The Psychological Health of Relief Workers: Some Practical Suggestions
- 10 EC Push for NGOs to Form Consortia
- 11 DAC Guidelines on the Use of Incentives and Disincentives in Situations of Violent Conflict
- 12 Czech Humanitarian Assistance, 19931998
- 13 The Limits of Humanitarian Aid
- 14 NEDAD: Nedworc Disaster and Development Group
- 15 The People in Aid Code: Measuring Progress
- 16 The Reach Out Initiative
- 17 Virtual Disaster Library
- 18 African Universities Establish Graduate Programmes in Humanitarian and Refugee Studies
- 19 Chechnya (November 1999)
- 20 Tibet (November 1999)
- 21 Somalia (November 1999)
De nombreux événements sont annoncés à lheure actuelle comme étant les derniers de ce millénaire. Le Bulletin du RRN ne déroge pas à cette règle. Le XX° siècle a introduit dimmenses changements dans la vie de chacun, partout dans le monde. De plus, ce siècle a joué un rôle très important pour lévolution du sentiment d« humanité » qui est à la base de laction humanitaire. Que le dernier Prix Nobel du siècle ait été accordé à MSF pourrait être interprété comme un hommage réfléchi non seulement à MSF mais encore à tous ceux qui ont déployé des efforts considérables et qui parfois se sont sacrifiés, pour préserver lhumanité au cours de ce qui sest révélé être un siècle très violent.
La décennie des années quatrevingt-dix a également revêtu une grande importance pour laction humanitaire. La Décennie internationale pour la Réduction des catastrophes naturelles a pris fin avec une vague sans arrêt de tremblements de terre, de cyclones et dinondations qui a mis encore une fois les catastrophes naturelles au sommet de lordre du jour. Aux espoirs initiaux dun meilleur « nouvel ordre mondial », nés de la chute du mur de Berlin en 1989, a succédé une certaine frustration à mesure que se développaient divers scénarios. Parmi lesquels figurent la prolifération de guerres intestines non structurées ; le déclin du financement des réponses humanitaires vers le milieu des années quatre-vingt-dix ; un foisonnement incontrôlable dONG, suivi de larrivée de nouveaux acteurs sur la scène humanitaire (notamment larmée et les sociétés du secteur privé) ; les tensions qui se sont fait jour lorsque limage de « sauveur » non critique et non critiquée attachée aux employés des organismes humanitaires a laissé la place à des accusations laissant entendre que laction humanitaire ferait plus de mal que de bien et quelle pourrait bien, en réalité, prolonger la guerre ; le fait que les employés des organismes daide durgence se soient entendu dire dagir dune manière plus orientée vers le « développement » alors quil a été conseillé aux organismes de développement dêtre davantage « sensibles au conflit » ; enfin, le défi aux principes anciens de neutralité et de positionnement non politique, quand laction humanitaire est considérée de plus en plus comme un instrument nécessaire de la gestion du conflit.
En même temps, les ONG se sont organisées à léchelon planétaire et avec succès pour obtenir une interdiction internationale sur les mines antipersonnel. Elles collaborent de plus en plus étroitement sur le contrôle des armements légers et commencent à forger des alliances pour examiner dun oeil critique le rôle que jouent les entreprises internationales dans le soutien des économies de guerre.
Le RRN a fait des comptes-rendus à cet égard et sur dautres sujets et il a lintention de continuer sur cette lancée, toujours mieux et de manière encore plus pertinente. Ce dernier Bulletin du millénaire contient des articles regroupés autour dun certain nombre de thèmes principaux, à savoir la coordination, la protection, lautodétermination (par le biais notamment de l« autonomie »), les limites de « laction humanitaire » et, enfin, lévaluation en tant quinstrument dassimilation des connaissances.
Cette année a vu le cinquantième anniversaire des Conventions de Genève et un nouvel élan se fait jour autour de la protection pratique des non combattants. En février 1999, par exemple, une Consultation dexperts interorganisations sur les zones protégées a été organisée par lOCAH avec le Centre détudes sur les populations et le développement dHarvard ; en mars, le HCR a organisé une réunion avec les principaux organismes internationaux dassistance humanitaire et des droits de lHomme pour discuter des mesures aptes à renforcer la protection sur le terrain ; en septembre, une consultation mondiale est qui atteignait près de vingt milliers de personnes, organisée par le CICR sur les règles visant à limiter la violence en temps de guerre a été conclue ; ce même mois le Secrétaire général de lONU a présenté un rapport devant le Conseil de sécurité sur la protection des civils dans le conflit armé. Même sil faut se féliciter de tout cela, il nen reste pas moins à relever le défi pour traduire ces intentions en pratique réelle, de manière proactive et préventive et non seulement réactionnelle après que les populations ont subi des exactions et quelles ont été déplacées. En effet, cest à juste titre que Kofi Annan souligne que « la sécurité physique doit souvent être garantie avant la protection juridique ».
Les interventions internationales assurées au Kosovo et au Timor oriental donnent limpression que la passivité honteuse dont on a fait preuve à lépoque du génocide perpétré au Rwanda a été maîtrisée. Il nen reste pas moins que cet espoir est amenuisé par une mauvaise volonté évidente en ce qui concerne la crise humanitaire et de protection grandissante en Tchétchénie, de même que par le manque dintérêt international devant la tragédie qui, une fois encore, déchire lAngola où plus de deux millions de personnes sont en danger. Lopération de lONU au Kosovo soulève également des problèmes politiques plus profonds car les conflits qui reposent sur lidentité, de même que les défis liés à la protection qui sy rattachent, ne peuvent échapper à la question de lautodétermination et de la forme politique que celleci revêt. Lopération de la Minuk traite le Kosovo comme un « protectorat » à tous égards sauf à le qualifier comme tel. Cette situation naurait pas été inhabituelle pour lancienne Ligue des Nations mais elle est sans précédent pour lONU. A proprement parler, lONU reconnaît le Kosovo comme faisant partie de la République fédérale de Yougoslavie, mais en Serbie, comme au Sri Lanka et en Chine les gouvernements centraux considèrent une plus grande « autonomie » comme étant un pas vers la sécession.
Les années quatre-vingt-dix ont été une décennie de création de nouveaux Etats, ce qui nest pas sans rappeler lépoque de la décolonisation des années cinquante et soixante. Certains nouveaux Etats, tels que la Slovaquie, la Macédoine et lErythrée, ont vu le jour sans effusion de sang. La création dautres Etats comme la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Palestine et le Timor oriental a donné lieu à de violentes exactions. Dautres encore, comme la Tchétchénie et le Somaliland, ont proclamé leur indépendance mais ne sont pas reconnus au plan international. Les populations dAceh, à la pointe extrême de Sumatra en Indonésie, revendiquent également leur indépendance à lheure actuelle, alors que les Tibétains qui souhaitent seulement une autonomie considérable par des moyens pacifiques ne reçoivent aucun appui politique. Le phénomène de la « realpolitik » pourrait-il expliquer à lui seul pourquoi un groupe de personnes a plus de chances en matière dautodétermination que dautres ? Si lhumanitarisme doit se doter de plus de principes, quen est-il de la politique internationale ?
Le conflit est forcément politique et il est inéluctable que lintervention internationale visant à assurer une assistance et une protection et à essayer de créer une paix durable sentremêle à ces politiques. A mesure que la gestion du conflit et le rétablissement de la paix se font plus urgents, lordre du jour humanitaire est devenu de plus en plus chargé. Daucuns voient ce phénomène comme un développement positif et nécessaire ; dautres, en revanche, conscients du fossé qui existe entre lambition rhétorique et la réalisation pratique le considèrent comme problématique et demandent que lon revoit les principes fondamentaux. La section Actualités et une série de critiques de livres reflètent ce débat en partie et renvoient spécialement aux Pays-Bas et au RU.
Finalement, le secteur humanitaire continue à faire lobjet de critiques acerbes et à sauto-critiquer tout particulièrement en ce qui concerne la crise au Kosovo parce quil répète les mêmes erreurs et quil ne tire pas les enseignements nécessaires. Ces dernières années ont amené un renouveau dintérêt dans lévaluation non seulement en tant quinstrument dobligation de rendre compte mais encore dapprentissage organisationnel et institutionnel. Il sagit-là dune évolution positive. Il nempêche, la prolifération dexercices dévaluation non coordonnés (comme ceux qui sont prévus pour le Kosovo) va à lencontre de la valeur perçue comme telle dune évaluation générale et par tous les bailleurs de fonds sur lensemble des actions internationales , telle que celle qui a été effectuée en 1995 pour la crise au Rwanda. Pourquoi est-il si difficile de tirer des enseignements ?
Commentaires