Échange Humanitaire No.16 la politique de l'action humanitaire, les économies de guerre, les réformes structurelles et les défis politiques pour la Commission européenne (CE), les catastrophes naturelles et la question des partenariats sur le terrain
- Issue 16 Issue 16: Angola’s war, disaster myths and more
- 1 Échange Humanitaire No.16 la politique de l'action humanitaire, les économies de guerre, les réformes structurelles et les défis politiques pour la Commission européenne (CE), les catastrophes naturelles et la question des partenariats sur le terrain
- 2 Diamonds: A Guerilla's Best Friend¹
- 3 Natural Resources and Corporate Responsibility: The Case of Angola’s War
- 4 Stop Propagating Disaster Myths
- 5 Central America 15 Months On: Reconstruction but No Transformation
- 6 WFP Response to Hurricane Mitch: A New Approach
- 7 Turkey's Response to Crisis
- 8 Disaster Management in the Digital Age: The Case of Latin America
- 9 Does Voice Matter? Using Information to Make Relief Accountable in Gujarat
- 10 East Timor: Humanitarianism Displaced?
- 11 Reform of the European Commission's External Cooperation
- 12 EU Coherence in Trade, Conflict Management and Common Foreign and Security Policy
- 13 Recent Developments in European Humanitarian Assistance
- 14 Assessment and Future of Community Humanitarian Activities: Communication from the Commission to the Council and the European Parliament
- 15 Oil…and Water: Political and Humanitarian Intervention in the Serbian Energy Sector
- 16 Canada's Human Security Agenda
- 17 Humanitarianism: Imperatives and Principles in Southern Sudan
- 18 The Kosovo Refugee Crisis: An Independent Evaluation of UNHCR's Emergency Preparedness and Response
- 19 Training For Peace in Southern Africa
- 20 Partnerships in Crisis: Collaboration Between International and Local Organisations in Disrupted Societies
- 21 PARinAC 2000 and Beyond
- 22 The Structure of Austrian Humanitarian Aid
Ce bulletin, extrêmement dense, contient des articles groupés autour de plusieurs thèmes. On citera la politique de laction humanitaire, les économies de guerre, les réformes structurelles et les défis politiques pour la Commission européenne (CE), les catastrophes naturelles et la question des partenariats sur le terrain des opérations.
Lan passé , nous avons concentré notre attention sur la crise du Kosovo, dans le bulletin N° 15, et nous avons aussi ajouté un rapport plus long intitulé Le maintien de la paix par Protectorat : défis opérationnels et politiques au Kosovo sur notre site Internet. Les conflits lors de la dissolution de l ex- Fédération yougoslave ne sont en aucune sorte terminés. Le statut final du Kosovo reste indécis et la pression internationale sur le régime de Milosevic continue. Les enjeux politiques sont élevés et, comme l explique l article sur l aide internationale et la politique énergétique vis-à -vis de la Serbie, dans ces conditions l aide devient hautement politisée.
Notre deuxième grand thème porte sur les économies de guerre, avec des exemples particuliers sur l Angola et la Sierra Leone. Comme le montrent aussi certains comptes rendus douvrages, cela pose la question de savoir qui alimente le conflit et la réponse nest absolument pas que l aide joue un rôle majeur. Le contrôle de ressources naturelles précieuses telles que le pétrole et les diamants dans ces deux pays est un objectif majeur dans les stratégies des parties en guerre et dans la dynamique des conflits. Ces ressources doivent être extraites et vendues sur le marché mondial. Cest là que les corporations transnationales interviennent ainsi que les armées privées . Les sommes dargent engagées dépassent largement le montant de laide distribuée. Bien que les guerres altèrent évidemment la nature et la structure de léconomie officielle , le plus grand défi pourrait venir des intervenant nappartenant pas à l’Etat car ceux-ci sont les plus difficiles à cerner et à restreindre. De plus, ils se situent en dehors des lois humanitaires internationales.
Même les sanctions commerciales, sur lesquelles nous avons donné du matériel de référence sur notre site Internet et dans le dossier thématique N° 31, stimulent la contrebande et souvent donnent un plus grand rôle au crime organisé. Cest visible en Serbie. Toutefois, nous pouvons pas assumer que léconomie de protectorat au Kosovo nest pas totalement légale non plus. Nous travaillons actuellement sur la traduction en français dun dossier thématique appelé La politique économique de guerre : ce que les organisations humanitaires doivent savoir . Notez également la bibliographie explicative sur les économies de guerre, à votre disposition sur.
Tout cela constitue un grand défi pour les organisations humanitaires et les donateurs, ainsi que pour les politiques de gestion des conflits des gouvernements étrangers. Pour lUE, les réformes récentes ont posé la question des rapports entre l aide humanitaire et l aide au développement. Le débat porte surtout sur la stratégie de sortie de lECHO. Toutefois, il serait préférable de parler de stratégie dentrée pour les instruments du développement, comme le montre la documentation sur les expériences de lUE dans trois pays africains. Bien que les Etats membres hésitent à abandonner leur autonomie en ce domaine, la pression continue pour mettre en place une politique commune à toute lUnion européenne en matière daffaires étrangères et de sécurité. Laide et en particulier l aide humanitaire, sera-t-elle subsumée sous cette politique comme un instrument politique de plus ou gardera-t-elle sa neutralité et son impartialité politiques ? On parle beaucoup de cohérence, cest à dire lalignement et lutilisation de différents instruments de politique étrangère pour atteindre le même objectif. La cohérence conduira-t-elle à la politisation de l aide humanitaire ?
Le Canada semble avoir trouvé une bonne approche avec sa politique humaine de sécurité . Ce pays a la réputation dêtre un donateur sans forts interêts domestiques dans ces relations extérieures. Il a joué un rôle de premier plan dans de nombreuses initiatives : ré solution de conflits, maintien de la paix, interdiction des mines, sanctions plus humaines, etc. Pourtant, la cohérence reste là encore difficile à réaliser au sein du corps politique canadien. Récemment, il y a eu dans la presse canadienne des polémiques sur certaines des actions du Canada qui semblent en contradiction avec, au moins, l esprit d une politique humaine de sécurité . Le budget canadien de laide a aussi baissé rapidement et un débat sérieux sest engagé sur la question de savoir si ses forces armées devraient sintégrer davantage aux structures militaires des Etats-Unis, ce qui compromettrait son image dans les opérations de maintien de la paix. Plus grave encore, on a derniè rement appris quune organisation humanitaire réputée avait sciemment accepté du personnel choisi par les autorités canadiennes pour mener ce quil convient d appeler des activités de renseignement en Serbie.
Bien que dans un contexte très différent, cette même question de cohérence et déconomies de guerre sest posée à légard des relations entre les organisations humanitaires et les acteurs non gouvernementaux dans le conflit au Sud-Soudan. Le Mouvement de Libération du Peuple Soudanais a demandé aux ONG de signer un Protocole d Accord ou de partir. Environ 25% sont parties. Certains des arguments pour ou contre la signature sont présentés dans ce bulletin.
Nous publions aussi diverses contributions sur des catastrophes naturelles en mettant laccent tout particuliè rement sur le rôle de la gestion de linformation et la transparence. A l avenir, nous espérons pouvoir publier davantage les leçons à retenir sur la réponse internationale au cyclone Mitch qui a dévasté l’Amérique centrale fin 1998. Les évaluations que nous avons vues jusquà présent indiquent que beaucoup de ces enseignements pourraient sintégreraux stratégies et programmes après les inondations au Mozambique. Cependant il nest pas certain que le système humanitaire international soit déjà en mesure d apprendre ces leçons.
Peut-être plus quen Afrique ou dans le Caucase, lAmérique latine et lAsie doivent faire lobjet de réactions aux catastrophes associant les nombreuses organisations bien établies, quelles soient gouvernementales (locales), non gouvernementales ou communautaires. Partenariat est le mot à la mode en ce moment mais les situations de crise révèlent les tensions inhérentes qui ont tendance à exister entre des partenaires de puissance inégale et avec des groupes dinterêt trés différents différentes. Cest un thème que nous ne faisons qu aborder ici et sur lequel nous voudrions avoir plus de contributions.
Commentaires