La Protection dans la Pratique : Stratégies Pratiques de Terrain pour Protéger les Civils Contre les Abus Intentionnels
Lexpression « situation durgence complexe » est souvent utilisée comme un euphémisme pour ce qui est, en réalité, une violation énorme et intentionnelle des droits de lhomme. On considère que les crises au Rwanda, en ex-Yougoslavie, en Tchétchénie, au Sierra Leone et ailleurs sont, en partie, complexes, car les façons traditionnelles de répondre aux crises humanitaires en pourvoyant aux besoins deau, de vivres, de soins médicaux et dabri des populations ne répondent pas à leur besoin crucial de sécurité physique et de protection contre les abus intentionnels.
La majeure partie de lassistance humanitaire aspire, en effet, à soulager la souffrance humaine après que les abus ont été commis. Les gouvernements se sont servis de lassistance humanitaire comme moyen déviter des interventions plus difficiles, doù lexpression « lalibi humanitaire » ou plus froidement « les morts bien nourris ».
Le mandat du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), « gardien des Conventions de Genève », porte spécifiquement sur la protection, mais malgré tous les efforts déployés, lorganisme ne peut pourvoir de façon adéquate aux nombreux besoins de protection des populations dans des situations durgence complexes. En période de conflit armé, et pendant les périodes qui précèdent et qui font suite au conflit, une « lacune de sécurité » se présente souvent au niveau de lexécution, lorsque les civils ne sont pas protégés.
Ce dossier montre que les organismes internationaux qui se trouvent dans les zones où des violations sont commises ont lobligation dagir de manière à accroître la protection (ou tout au moins à ne pas lamoindrir ). Selon lopinion, la question de protection nécessite dêtre abordée par une méthode intégrée, qui établit une action stratégique au niveau de lexécution fondée sur les capacités complémentaires de divers acteurs. Pour réussir, il est nécessaire didentifier un « point central » pour la protection (que lon pourrait appeler le « facilitateur de la protection ») dans chaque cas de crise. Son rôle consisterait à rehausser le profil de la protection, en veillant à ce quelle soit inscrite à lordre du jour de la communauté internationale et en insistant quon en tienne compte dans toute prise de décision. Ce dossier présente des exemples de stratégies et de tactiques spécifiques qui ont servi au personnel de terrain pour empêcher ou atténuer les abus et qui pourraient être adaptées à dautres situations.
Il est certain que les agents de secours humanitaires, les moniteurs des droits de lhomme et de la police civile et dautres exécutants ne peuvent espérer combattre de façon effective les violations du droit humanitaire international ou des droits de lhomme si les gouvernements nont pas la volonté politique darrêter les abus et de tenir pour responsables les auteurs de ces violations. Cependant, de par leurs actions dans les conflits, ils ont sauvé des milliers de vies grâce à leur courage et ingéniosité.
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