En théorie comme en pratique, il semblerait que l’on dispose d’arguments solides en faveur de réponses financières face aux situations d’urgence alimentaire lorsque l’offre et les conditions du marché s’y prêtent. Les travaux d’Amartya Sen sur les droits d’accès offrent une base théorique solide aux transferts d’argent et l’expérience pratique que nous possédons à ce jour, bien que limitée, nous incite à faire le constat que la distribution directe d’argent, dans les circonstances appropriées et assortie d’une planification et d’un suivi minutieux, a des chances d’être plus opportune, moins coûteuse et plus habilitante pour les communautés locales que les distributions alimentaires traditionnelles. Il semblerait néanmoins qu’il y ait une certaine réticence au sein du système de secours humanitaire à inclure des réponses financières dans les portefeuilles d’intervention d’urgence.

Ce dossier passe en revue les fondements théoriques d’une approche financière face aux situations d’urgence alimentaire et présente des études de cas de distribution d’argent. Ces exemples, tirés de l’Afrique, de l’Asie du Sud et des Balkans, mettent l’accent tant sur les risques que sur les avantages que présentent les réponses financières par rapport à l’aide alimentaire traditionnelle. D’un côté, l’argent est plus rentable car ses coûts de transaction sont moins élevés, il est plus aisément convertible, il accorde un choix plus vaste au bénéficiaire et il permet de stimuler les marchés locaux. De l’autre côté, l’argent peut être utilisé contrairement aux intentions du donateur, il peut contribuer à aggraver l’inflation locale et il pose des risques sécuritaires qui ne sont pas normalement associés à l’aide alimentaire. En conclusion, ce dossier énonce dans quelles conditions une aide sous forme d’argent pourrait constituer une intervention adaptée et il souligne comment les risques qui lui sont associés peuvent être minimisés. Il ne saurait y avoir de “ schéma directeur ” pour l’emploi de l’argent face à toutes les situations d’urgence et dans toutes les circonstances ; par contre, il faut que les organismes humanitaires mettent en balance les avantages et les risques au cas par cas.

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