L’absence quasi totale d’antécédents politiques, institutionnels ou de programmation est un des éléments qui distinguent les récents programmes d’aide dans l’est de l’Ethiopie. Une telle lacune ne saurait être justifiée dans une région qui a connu un siècle de conflits et où 20 ans d’interventions de secours et de réhabilitation ont profondément marqué les relations entre les pourvoyeurs et les bénéficiaires de l’aide humanitaire. Il est tentant de supposer que ce manque de mémoire institutionnelle porte préjudice aux actions de secours et de réhabilitation ailleurs dans le monde.

 

Si les montagnes du nord de l’Ethiopie sont plus connues en matière de guerres et de famines, les plaines de l’est, constamment menacées par la sécheresse, ont également connu une succession de conflits et de guerres. C’est peut être ici plus que partout ailleurs en Ethiopie que la régionalisation a abouti à un vide institutionnel complet, ce qui est d’autant plus inquiétant que les tendances sécessionnistes, après l’indépendance de l’Erythrée en 1993, sont les plus marquées dans la 5ème Région Somalie. L’Ethiopie orientale, ou “Somalie occidentale” d’après les Somalis, constitue la troisième face du triangle somali. Les déplacements de population, le commerce à travers les frontières et les aspects de sécurité alimentaire sur le plan régional ont forgé des liens étroits entre le Somaliland, la Somalie et la 5ème Région Somalie. Si des efforts de recherche importants ont été consacrés ces dernières années aux antécédents de la guerre civile en Somalie, à la situation économique actuelle au Somaliland (Holt et Lawrence, 1992 ; Nathanail et Samater, 1993 a,b) et aux processus politiques et initiatives de paix au Somaliland (Yusuf, 1993 b ; Gilkes, 1993) et en Somalie (Bradbury, 1994), les recherches sur l’Ethiopie orientale (Holt et Lawrence, 1991 ; Ryle, 1992 a, b) sont moins complètes et, pour la plupart, thématiques. Or, puisque l’économie et la situation politique en Ethiopie orientale sont influencées par les événements au Somaliland et en Somalie, il se peut très bien que l’inverse  soit vrai aussi. Les programmes dans un pays doivent tenir compte des perspectives régionales.

 

Depuis quelques années, les déplacements à l’intérieur d’un pays et la réinstallation de populations figurent de plus en plus à l’ordre du jour du HCR. Ce rapport illustre comment le HCR a cherché à faire face à ces nouveaux défis dans la 5ème Région somalie grâce au développement d’une approche de “mandat hybride” en collaboration avec d’autres organes de l’ONU. Les thèmes secondaires de l’analyse portent sur l’impact des programmes de secours et de réhabilitation sur les pasteurs, les emplois constructifs ou économiques de l’aide alimentaire, la capacité et les connaissances de la dynamique économique locale dont ces programmes ont besoin.

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