Ce document prend pour point de départ le concept de “turbulence” (ACORD, 1992). L’optique prédominante (moderniste), qui fait du conflit un événement exceptionnel qui perturbe le progrès des Etats et des communautés vers le “développement”, a révélé son intérêt limité lorsqu’il s’agit de comprendre les conflits de longue durée de plus en plus nombreux en Afrique et d’y faire face. Si les distinctions entre l’aide d’urgence et le développement que favorise cette approche n’ont pas beaucoup de sens “sur le terrain”, la division correspondante des rubriques budgétaires des bailleurs de fonds a entravé la capacité d’ACORD d’aider les pauvres à faire face au changement, à le promouvoir, d’une façon durable. Il est évident que des approches plus souples aux situations d’urgence de la part des bailleurs de fonds sont indispensables. Par ailleurs, l’opinion prédominante a voilé le rôle joué par le conflit dans le processus de développement, ainsi que la nature du conflit en tant que processus en soi.

 

Par contraste, ACORD voit dans le développement un processus turbulent, où des crises et des conflit ont tendance à surgir. Il faut juger les programmes à long terme en fonction de leur capacité de donner aux populations la résistance nécessaire pour faire face aux crises. De l’autre côté, les actions à court terme doivent préparer le chemin pour la réalisation d’objectifs à long terme en même temps qu’elles assurent la survie.

 

Ce document de réseau rend compte des recherches menées par ACORD depuis quelques années sur des thèmes liés à la “turbulence”, au conflit et aux rapports entre l’aide d’urgence et le développement. Les études de cas ont été préparées initialement à l’intention d’un atelier qui a eu lieu à Birmingham en novembre 1994, intitulé “Le développement en conflit”. Elles ont été révisées par la suite afin de respecter le format du RRN.

 

Elles ont été rédigées par Mark Adams, exception faite de l’étude de cas du Mali, rédigée en collaboration avec Sylvia Capezuolli et basée sur ses recherches. De plus, l’étude de cas de Gulu s’est largement inspirée de la réflexion de l’équipe de programme et notamment de l’agent de développement de programme, Rosalba Oywa. Des visites sur le terrain et des discussions avec le personnel des programmes ont été mises à profit pur les études de cas de Gulu et du Mali, tandis que la documentation existante à Londres, ainsi que des discussions avec le personnel du Secrétariat, notamment Judy el-Bushra, responsable de l’étude de la différenciation sexuelle, et avec Chris Roche, a servi de base à la rédaction de celles de l’Angola et du Soudan. Toutes les études de cas ont tiré profit de discussions de grande envergure à l’intérieur et à l’extérieur d’ACORD. Les auteurs sont reconnaissants envers le personnel de programme ACORD à Londres et en Afrique de sa contribution et espèrent avoir saisi l’essentiel de ses opinions et expériences. Ce document ne reflète pas la politique officielle d’ACORD, représentant plutôt un “travail en cours”.

 

Comprendre la structure d’ACORD facilite la compréhension du texte. ACORD est un consortium d’ONG internationales. Le Secrétariat est basé à Londres et les programmes se déroulent dans 16 pays africains. En 1989, ACORD amorça un processus de décentralisation et établit quatre structures d’appui régionales (SAR).  En 1994, les SAR furent dissoutes et leurs fonctions retournèrent au Secrétariat.

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